Derrière LDC Algae se cache une future ferme de culture de micro-algues, la plus grande d’Europe. Ce projet pharaonique de 30 millions d’euros devrait voir le jour à Plouguenast en 2015. Entretien avec René-Jean Guillard, chef d’entreprise et porteurs du projet LDC Algae
Qu’est-ce qui se cache derrière le terme LDC Algae ?
C’est un grand projet vertueux de ferme moderne et originale de micro-algues. Derrière, il y a un système de production méconnu. L’idée est de reprendre les atouts du terrain local, à savoir l’abondance de produits comme le lisier, et d’en faire un moteur pour la production de micro-algues. Le côté vertueux ? Tout ce qui rentre va être valorisé, transformé et même exporté.
Pourquoi le choix d’un tel projet après votre expérience dans l’agroalimentaire ?
Cela fait plus de dix ans que je suis en Asie. Dans nos activités, nous avons eu de plus en plus de demandes de nos clients concernant les micro-algues. Nous avions deux choix : la production traditionnelle ou trouver un circuit avec un système vertueux en passant par un site qui convienne : climat tempéré, nutriments (lisier) abondants… La Bretagne s’y prêtait bien.
Justement, pourquoi avoir choisi le site de la Lande-du-Cran à Plouguenast ?
C’est une terre pauvre ce qui signifie peu d’agriculture intensive possible et donc moins de pression sur le foncier agricole. C’est également une surface plate et grande, idéale pour nos productions dans l’eau. Il y a également la RD700, toute proche, sans avoir à traverser la commune.
Vous évoquez un impact économique direct et indirect. De quoi parle-t-on précisément ?
On devrait créer 40 emplois, mais également des métiers comme jardinier en micro-algues. C’est une formation inconnue qui peut intéresser les jeunes localement. Ce sont des métiers du futur créés par l’activité. La ferme sera également un gisement de micro-algues à exploiter. Ce sera une matière brute attractive pour d’autres entreprises. C’est également ce qui a pu intéresser la Cidéral.
La discrétion autour de ce projet a longtemps été de mise. Pourquoi ?
En parler avant, c’était forcer la main avant que les services de l’État se positionnent sur le projet. Avant de déposer le dossier en préfecture, il y a eu 21 études d’impact qui auraient pu faire capoter le projet.
Le mot méthanisation fait peur. Ne redoutez-vous pas une levée de boucliers des riverains ?
La méthanisation fait partie du concept vertueux. Ce n’est pas un point noir dans le « process ». C’est un produit dénigré dont on va faire quelque chose à grande valeur. C’est le moteur du projet. Nous partons sur un engagement écologique. On ne traitera que des produits liquides. Il n’y en aura aucun à l’air libre sur le site. 100 % des produits circulent dans les tuyaux. Il n’y aura donc pas d’odeur vu qu’il s’agit d’un système confiné.
Quel est l’enjeu aujourd’hui pour mener à son terme LDC Algae ?
Nous sommes dans la dernière ligne droite. Nous avons déposé un dossier en préfecture suite à l’enquête publique et sommes dans l’attente de l’arrêté préfectoral. C’est pour cela qu’on parle de projet. C’est plutôt bien parti, même si nous ne pouvons pas nous prononcer pour les services de l’État.
Une idée du délai ?
Nous sommes techniquement prêts. Comme pour tout entrepreneur, le plus vite sera le mieux. L’idéal ? Commencer les travaux avant l’été avec une première production en 2015. Mais, nous ne sommes pas maîtres du calendrier.
Repères
Les micro-algues
Ce sont des algues microscopiques, par centaines de milliers. Ces organismes, dont la taille est de un, deux, voire trois microns, ont l’avantage de croître dans l’eau et de se multiplier dans l’heure ou la journée. On peut donc les récolter tous les jours. Ces micro-algues sont un concentré d’éléments utilisés dans différents domaines industriels comme la nutrition animale, les secteurs cosmétique et pharmaceutique…
La lombriculture
Il s’agit d’une serre de lombricompost, un fertilisant bio qui sert bien souvent aux cultures sous serres, comme substitut aux engrais chimiques. Dans la ferme LDC Algae, le lombricompost sera obtenu à partir du résidu solide du lisier (qui ne peut pas servir pour la culture des micro-algues) et de l’eau issue de la culture de macrophytes. Le lombricompost sort sous forme de terreau. Le liquide concentré obtenu s’appelle percolat et sert également à l’agriculture biologique comme insecticide par exemple (voir l’infographie ci-contre).
Les macrophytes
Ce sont des plantes aquatiques flottantes qui trouvent leur nourriture dans l’eau et ont un pouvoir dépolluant de l’eau. Dans la ferme LDC Algae, elles seront récoltées sur place, broyées et données à manger aux lombrics. Elles participent donc à la fabrication du lombricompost.
Mélanie BÉCOGNÉE
Source : entreprises.ouest-france.fr
Site web : LDC Alage