Cet avion va traverser l’Atlantique grâce au soleil et aux micro-algues
Il a couru la Route du rhum, et plusieurs Vendée Globe. Mais ça ne lui suffisait pas. Après les mers, c’est dans les airs que Raphaël Dinelli, navigateur chevronné, a voulu relever un nouveau défi : suivre les traces de Charles Lindbergh, en réalisant la traversée de l’Atlantique entre New York etParis, sans assistance, dans un avion 100 % écolo, à zéro émission de CO2. Ses premiers essais en vol doivent avoir lieu à l’aérodrome de Pontoise, en janvier. La traversée aura lieu à l’été 2016.
Cet appareil, Eraole, présenté lors de la COP21 au Bourget, est un petit bijou de technologie. Pour remplacer le kérosène, le pilote également ingénieur a installé 35 m2 de panneaux solaires sur la quasi-totalité de la surface de l’avion, construit en matériaux composites. « Le photovoltaïque permet de fournir 25 % de l’énergie », détaille Raphaël Dinelli. Son laboratoire Ocean Vital a travaillé en collaboration avec l’Onera, centre français de recherche aérospatiale, qui a plusieurs sites à Châtillon, Meudon (Hauts-de-Seine) et Palaiseau (Essonne).
Le navigateur Raphaël Dinelli a couru la Route du rhum et plusieurs Vendée Globe. (LP/P. Co.)
« Nous prévoyons aussi de faire une partie de vol en plané, quelques heures par jour, notamment la nuit, pour économiser la batterie. Le reste du temps, nous volerons en utilisant un biocarburant à base de micro-algues. » Un challenge qui n’est pas sans risque. « On a peu de recul sur la fiabilité des énergies renouvelables. Il ne faut pas que le système chauffe ou que la batterie s’emballe. Et puis, quand on est en bateau, on a souvent une chance d’être sauvé. En avion, le plancher des vaches arrive très vite », sourit l’aventurier, secouru in extremis dans les mers du Sud en 1996 après le naufrage de son voilier.
Le marin n’a pas eu de mal à se familiariser aux avions, qu’il a commencé à piloter il y a tout juste cinq ans. « Les outils de navigation se ressemblent. Le niveau de sécurité en avion est plus important, mais je prends le même pied. » La durée du vol devrait être de 60 heures, contre une trentaine pour Lindbergh en 1927. « Et sans pilote automatique », insiste Raphaël Dinelli, basé aux Sables-d’Olonne (Vendée).
(LP/P. Co.)
Près de trois jours sans dormir, et qui plus est avec 30 % d’apport en oxygène en moins (NDLR : en volant à 3 000 mètres d’altitude en moyenne), à des températures qui varient de 35 °C en journée à… moins 18 °C la nuit. Il fallait donc une préparation physique adéquate. « Je fais des stages en haute altitude depuis deux ans et je vais entamer une préparation de marathonien », raconte le sportif qui va prendre ses quartiers à Pontoise. Le siège a également été spécialement moulé au corps du pilote, qui portera des vêtements vasoconstricteurs. C’est-à-dire qui rétrécissent les vaisseaux sanguins pour accroître la pression sanguine. Le but étant d’éviter les points de compression et les problèmes de retours veineux.
Pourquoi un tel défi ? « On veut montrer que supprimer la flotte classique des aérodromes et la remplacer par une flotte électrique, c’est possible. » Raphaël Dinelli estime à moins de 200 000 € le coût d’un avion électrique pour l’aviation de loisirs. Pour Eraole, fruit de sept ans de recherches, environ 5 M€ ont été investis. Aéroports de Paris a financé une partie du projet, tout comme l’Etat, le ministère de l’Ecologie et les collectivités locales.
Source: Le parisien