Les micro-organismes marins ouvrent de nombreuses perspectives pour la recherche médicale, la cosmétique ou encore la bioénergie. Pour en savoir plus, rencontre avec le responsable du département de biotechnologie et de ressources marines de l’Institut de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER).

Pouvez-vous nous donner une définition de la biotechnologie marine ?
« On peut dire définir la biotechnologie comme étant l’application des techniques et des connaissances de la biologie pour produire des biens et des services. On parle de biotechnologie marine ou biotechnologie bleue quand les ressources utilisées sont d’origine marine. Ces dernières années, les techniques utilisées reposent surtout sur la biologie moléculaire et la génomique. »

Quels sont les secteurs concernés ?
« Cinq grands secteurs sont concernés : la santé, l’alimentation -notamment par l’optimisation des techniques d’aquaculture-, les biocarburants de seconde et surtout de troisième génération basée sur les microalgues, l’environnement et l’industrie, dans les procédés combinat chimie et biocatalyse. Il faut y rajouter d’autres activités comme la cosmétique. »

La biotechnologie marine proposent-elle de nouveaux débouchés ?
« Les débouchés de la biotechnologie marine sont globalement les mêmes que ceux des biotechnologies en général. Hormis certains produits et services qui sont liés à l’environnement marin : les biocapteurs, les produits antisalissures… »

Les biotechnologies marines, créatrice d’emplois et de richesse ?
« En effet, on estime que le marché des biotechnologies marines croît de l’ordre de 10% par an. Il est toutefois difficile de suivre l’évolution précise car les produits ne sont pas toujours distincts de ceux des biotechnologies en général. »

En quoi les biotechnologies marines vont contribuer au développement d’économies plus respectueuses de l’environnement ?
« Les biotechnologies marines vont permettre de disposer de biocapteurs et analyseurs qui contribueront à l’amélioration des systèmes de surveillance de la qualité du milieu marin. Par ailleurs, les travaux sur les peintures antisalisssures devraient déboucher sur des produits plus respectueux de l’environnement marin. L’amélioration des techniques de bioremédiation est aussi un domaine prometteur. »

En France, où en sommes-nous ?
« Tout dépend du type d’activités. Des produits sont déjà commercialisés dans le domaine de la cosmétique tandis que certains composés sont en phase de test clinique pour le développement de nouveaux médicaments. Pour d’autres on est au stade de la R&D (microalgues, biocarburants, enzymes, etc.).

Pouvez nous donner des exemples concrets de réalisation ?
« Dans le domaine de la santé, certains produits sont déjà en utilisation clinique tels que certains antidouleurs et anticancéreux.
D’autres sont en phase de tests cliniques : phase III pour un composé dérivé de l’halochondrine B. Et on dénombre aussi 6 composés en phase II et de nombreux composés en phase I.
Il faut signaler en France les travaux prometteur de la Station Marine de Roscoff concernant la Roscovitine et ses dérivés.
Dans le domaine de la cosmétique, de nombreuses entreprises utilisent en France les algues pour la fabrication des produits de base pour la cosmétique et la thalassothérapie. A signaler quelques cas de bactéries utilisées pour la préparation d’actifs pour la cosmétique comme l’abyssine issue d’une souche bactérienne de l’Ifremer.

Dans le domaine des Biocarburants les activités se limitent pour l’instant à la recherche. Il s’agit de production d’enzymes dégradant les produits lignocellulosiques : PCAS/Protéus et de production de microalgues pour les biocarburants (Isua® Biotech, Microphyt, Alpha Biotech).

Source : www.developpement-durable.gouv.fr